Les 90s constituent une période sombre pour le
tokusatsu: si la franchise
Ultraman revient et enchaîne les séries à un rythme régulier, les
Kamen Riders vivotent dans quatre films destinés à un public adulte, les
Metal Heroes tirent leur révérence en 1999 après les échecs successifs de
Kabutack et de
Robotack, deux séries qui avaient maladroitement tenté de rajeunir leur public cible, et les
Toei Fushigi Comedy Series font de même en 1993 après une salve d'
Henshin Heroines initiée avec
Pai Pai en 1989 (Le genre se limitait jusque là au
Suki! Suki!! Majo Sensei de 1971). Quant au
Sentai, il est en perte de vitesse depuis le virage enfantin amorcé avec
Zyuranger (Une tentative d'adopter un ton sombre et sérieux avec
OhRanger aura le malheur d'être diffusée au moment où le Japon subissait l'attentat le plus meurtrier de son histoire) et malgré l'apparition des premiers
sixièmes rangers et la mise en place de
crossovers annuels où les héros de la série en cours rencontrent ceux de la précédente, la franchise ne survit que grâce aux ventes de jouets dérivées, poussant les auteurs à y multiplier les gadgets, véhicules et robots géants déclinables en autant de produits dérivés. Paradoxalement, ces mêmes séries cartonnent à l'international sous la forme des
Power Rangers, qui conservent les scènes en costumes et avec robots géants mais remplacent celles en civil par d'autres tournées avec des acteurs états-uniens. Niveaux effets spéciaux, la décennie est marqué par le développement des effets numériques, même s'ils n'ont pas toujours bien vieilli (Le
Cybercop de 1988, série pionnière en la matière, est pratiquement irregardable aujourd'hui!).
Le secteur du
manga et de l'animation se porte quant à lui beaucoup mieux: Akira Toriyama cimente les codes du nekketsu avec
Dragon Ball Z, Naoko Takeuchi renouvelle le genre
Magical Girl en le mixant avec des éléments du
Sentai pour créer
Sailor Moon et Hideaki Anno déconstruit celui des robots géants avec la bombe
Evangelion.
En France, La Cinq s'éteint en 1992, tandis que TF1 et AB délaissent les productions japonaises au profit de leurs propres séries nanardes hexagonales; mais ça ne marque pas pour autant la disparition des créations japonaises dans l'Hexagone. Au contraire: ces séries connaissent une seconde jeunesse sur le câble et le satellite, notamment sur la chaîne
Mangas (à l'époque, le terme était improprement utilisé pour désigner les
animes), tandis que des films d'animation cultes arrivent dans les salles obscures, les vidéoclubs (Ironiquement, le marché du DTV est au même moment en perte de vitesse au Japon) et même les kiosques grâce à la collection
Manga Mania, permettant de mieux découvrir la qualité et la diversité de l'animation japonaise où, époque oblige, le
cyberpunk occupe une place importante. Le
hentai n'est évidemment pas oublié ... non sans risque car en 2007, une scène d'
Injû Seisen Twin Angel 3 (Twin Angels - Le Retour des Bêtes Célestes - Vol. 3) montrant des rapports sexuels entre les héroïnes et un personnage au physique enfantin vaudra aux diffuseurs français une condamnation pour diffusion d'images à caractère pédopornographique qui fera jurisprudence. C'est aussi durant cette période qu'après quelques tentatives infructueuses durant les années précédentes, les
mangas commencent à s'implanter durablement en commençant par
Akira avant d'enchaîner sur les versions papiers d'
animes à succès; même si ces premières publications hexagonales subiront quelques retouches pour correspondre au sens de lecture occidental.