Année : 1992
Catégorie(s) : Sentai.
Genre : Animaux post-préhistoriques.

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LA SÉRIE

Zyu Ranger est la première série de sentai à avoir eu l'honneur douteux d'être "powerrangerisée" par les américains, et donc la première dont furent privés les spectateurs français. C'est d'autant plus dommage qu'elle apportait de nombreuses innovations à la franchise. Rien d'étonnant donc à ce que les fans français de tokusatsu éprouvent une certaine animosité envers les Power Rangers.
Une influence généralement admise de Zyu Ranger est Jurassic Park, le roman de Michael Crichton dont l'adaptation par Steven Spielberg était alors en cours de tournage. Ainsi, l'écriture phonétique japonaise de Zyu Ranger est "jûrenjaa", contraction de "jûrashiiku" (jurassic) et "renjaa" (ranger), mais ce titre s'écrit aussi 獣連者, ce qu'on peut traduire par "personnes qui se joignent aux bêtes". Les "bêtes" en question sont des animaux préhistoriques, chaque Zyu Ranger étant basé sur l'un d'eux: tyrannosaure, mammouth, tricératops, smilodon et ptéranodon. L'équipe est d'ailleurs surnommée "l'escadron des dinosaures" bien que le mammouth et le smilodon soient des mammifères et sont même apparus bien après l'extinction des trois autres.
La série s'inspire également des jeux de rôles et, par extension, des contes et légendes dans lesquels ceux-ci piochent leurs idées. Déjà, la plupart des ennemis des Zyu Rangers sont basés sur des mythes ou des créatures légendaires, mais il arrive aussi que certains épisodes comportent des références évidentes à des contes célèbres, comme le 13 où, telle Blanche Neige, une des héroïnes est victime d'une pomme empoisonnée, ou le 34 dans lequel une innocente victime tombe dans le même piège que la Belle Au Bois Dormant. De même, de nombreux épisodes impliquent une figure imposée des jeux de rôles, à savoir une quête ou une épreuve que les héros doivent accomplir, parfois complétement farfelue (Dans l'épisode 8, ils doivent terminer un repas pantagruélique pour obtenir l'aliment qui leur permettra de vaincre un adversaire boulimique).
Il y a d'ailleurs une quête qui sert de fil rouge à la série: celle de deux œufs de dinosaures préservés dans un coffre magique et qui permettraient à ces animaux de repeupler la Terre. Les Zyu Rangers (qui veulent les protéger jusqu'à leur éclosion) et leur ennemie jurée Bandora (qui veut les détruire) font donc la course pour les retrouver, mais à chaque fois, ils perdent le coffre qui les contient et il ne leur reste plus qu'à attendre que quelqu'un le retrouve quelques épisodes plus tard.
Plus surprenant, l'influence mythologique contamine même les méchas des héros qui, malgré leur aspect robotique, ne sont pas décrits comme des machines mais comme des créatures vivantes et même carrément comme des dieux. Le principe des "méchas vivants" a depuis été réutilisé dans d'autres séries de sentai, mais à l'époque, c'était réellement novateur. Malheureusement, cela implique de nombreuses contradictions, notamment le fait que la plupart du temps, ces méchas possèdent leur libre arbitre, agissent indépendamment et sont même doués de parole, tandis qu'à d'autres moments, ils ont besoin d'être pilotés par les héros.
Le côté "conte" de la série est renforcée par la première scène du générique, qui nous montre un livre s'ouvrant sur une scène préhistorique, tandis que la série se conclue sur un autre livre se renfermant sur une illustration représentant la scène finale, comme si la saga des Zyu Rangers était un conte narré dans un livre ancien lu par le téléspectateur.
C'est sans doute pour encore mieux coller à cet aspect "conte" que Zyu Ranger possède un ton très léger qui tranche avec le relatif sérieux des séries précédentes. Il n'y a qu'à voir les méchants principaux qui ne se prennent guère au sérieux, mettent au point des plans tenant plus du Schtroumpf Farceur que de Lex Luthor (par exemple, répandre de la poudre à éternuer ou faire tomber les gens amoureux de n'importe qui (et même pour certains, de n'importe quoi)) et qui suscitent finalement plus le rire que l'effroi. Bien sûr, cela n'exclue pas parfois des histoires plus sombres qui n'en sont que mieux mises en valeur (comme la storyline de Burai sur laquelle nous reviendrons plus loin). Si cet aspect fun paraît aujourd'hui indissociable des séries Sentai, c'est Zyu Ranger qui l'a introduit, comme le fera plus tard Kamen Rider Den-O pour la franchise Kamen Rider.
En plus d'épisodes au schéma classique du style "les méchants mettent au point un plan diabolique impliquant l'usage d'un monstre de la semaine mais les héros le découvrent et le font échouer en détruisant le MDLS au passage", il y a aussi des arcs qui s'étendent sur plusieurs épisodes et qui marquent des changements importants dans la série.

PARTIE 1 – Le réveil des Zyu Rangers (Épisodes 1-16)

Zyu Ranger part du principe que bien avant l'apparition de l'homme sur Terre, n'en déplaise aux paléontologues, il existait déjà une civilisation humanoïde ayant évolué à partir des dinosaures et vivant en harmonie avec ceux-ci, au point de vénérer des dieux protecteurs à leur effigie, les Shugojûs. Ainsi, le tyrannosaure était celui de la tribu Yamato, le mammouth celui de la tribu Sharma, le tricératops celui de la tribu Etof, le smilodon celui de la tribu Daimu et le ptéranodon celui de la tribu Risia.
Cette civilisation connut une guerre dévastatrice contre la sorcière Bandora qui ambitionnait de détruire le monde. Elle fut finalement vaincue et emprisonnée avec ses serviteurs sur la lointaine planète Nemesis, tandis que les meilleurs guerriers des cinq tribus furent placés en animation suspendue pour pouvoir la combattre si elle parvenait à s'échapper. C'était il y a 170 millions d'années, ce qui correspond effectivement à peu près à la fin du Jurassique Inférieur (De -201,3 à -171,6 millions d'années); sauf que... tyrannosaures, tricératops et ptéranodons ont vécu au Crétacé (Période succédant au Jurassique Supérieur et s'étendant de -145 à -66 millions d'années), c'est-à-dire beaucoup plus tard! Et ne parlons pas du mammouth dont les plus anciens fossiles remontent à 4 millions d'années et du smilodon qui a vécu entre 2,5 millions d'années et 10 000 ans avant notre ère. Zut, trop tard, je viens d'en parler!
De nos jours, Bandora est accidentellement libérée par des astronautes explorant Nemesis (le nom aurait pourtant dû leur mettre la puce à l'oreille) et entreprend de reprendre la destruction de la Terre là où elle s'était arrêtée. Pour la contrer, le sorcier immortel Barza réveille donc les cinq guerriers qui deviennent les Zyu Rangers.
Les deux premiers épisodes de la série racontent l'évasion de Bandora, le réveil des Zyu Rangers et leur première bataille. Dans les deux suivants, nos héros partent à la recherche de cinq armes légendaires après que celles qu'ils utilisaient à l'origine ont été détruites. Enfin, les épisodes 5 et 6 leur permettront d'acquérir les Dinocristaux, indispensables à la fusion de leurs cinq Shugojûs en un robot géant appelé Daijûjin. On notera qu'à chaque fois, leur quête se double d'un ou plusieurs enfants innocents victimes des manigances de Bandora et qu'il faut sauver.
A l'issue de ces six épisodes, nous avons donc notre équipe de cinq héros possédant chacun sa propre arme et son propre mécha. La formule classique des séries de Sentai est donc en place, mais elle va subir un premier changement majeur inédit dans l'arc suivant.

PARTIE 2 – Le sixieme ranger (Épisodes 17-27)

Dans cet arc, apparaît Burai (Dragon Ranger), un homme doté des mêmes pouvoirs que les Zyu Rangers (à la différence qu'il porte une armure par-dessus son uniforme, la dragon armor) et qui prétend être le prince de la tribu Yamato, titre détenu en principe par Geki (Tyranno Ranger). Barza est donc obligé de révéler à Geki ses véritables origines: il a été adopté et Burai n'est autre que son frère aîné. Leur vrai père a été tué par le père adoptif de Geki sous les yeux de Burai qui veut se venger sur Geki. Bref: grosse révélation, changement majeur du statu quo et promesse d'un futur affrontement entre deux frères que le destin a dressé l'un contre l'autre (Wah, qu'est-ce que je cause bien!). Malheureusement, on enchaîne aussitôt après sur un passage où Bandora et ses sbires improvisent un numéro musical, ce qui casse un peu la tension dramatique. Pour paraphraser le Nostalgia Critic: BIG LIPPED ALLIGATOR MOMENT!
Quoi qu'il en soit, la haine de Burai pour son frère va le pousser à s'allier à Bandora qu'il aide à détruire Daijûjin (rassurez-vous, il s'en remettra vite) avant de se retourner contre elle. Chassé de son palais, il rencontre une étrange enfant dont on apprendra plus tard qu'elle n'est autre que Clotho, une des Moires de la mythologie grecque. Clotho révèle à Burai qu'il a été tué dans l'éboulement de la caverne où il était en animation suspendue et qu'elle lui a accordée une nouvelle vie. Cette vie supplémentaire est malheureusement limitée à quelques heures et le seul moyen pour Burai de la prolonger est de rester dans "la chambre où le temps s'est arrêté". Clotho lui remet également une bougie symbolisant le temps qu'il lui reste à vivre, ainsi que le jûsôken, une sixième arme légendaire mi-dague, mi-flûte qui permet à Burai d'invoquer son propre Shugôjû, Dragon Caesar, dont il se sert dans un premier temps pour semer la destruction sur Terre.
Tout cela aboutira à un duel entre Burai et Geki que ce dernier remportera mais, malgré les injonctions de Daijûjin, il refusera de porter le coup de grâce à son frère, permettant à ce dernier de se débarrasser de ses mauvais penchants et de se réconcilier avec lui, devenant un partenaire régulier des Zyu Rangers.
J'avais dit en introduction que Zyu Ranger apportait de nombreuses innovations au genre sentai, ce deuxième arc en représente une de taille: c'est en effet la première série à utiliser un sixième ranger permanent. Certes, il y avait eu quelques précédents comme Magnesenshi dans Bioman, X1-Mask dans Maskman ou Dan dans Jetman (Il était d'ailleurs incarné par le même acteur que le Dan des Zyu Rangers); mais ces prototypes n'apparaissaient que le temps d'un ou deux épisodes avant de repartir comme ils étaient venus. Même s'il ne devient pas un membre à temps plein, étant obligé de passer le plus clair de son temps dans "la chambre où le temps s'est arrêté", Burai est le premier sixième ranger à s'inscrire dans la durée.
Non seulement le fait que Burai se révèle d'abord être un méchant va à l'encontre des attentes du spectateur, mais en raison de la nouveauté de ce type de personnage, il n'y avait, à l'époque de la diffusion, aucun moyen de savoir s'il allait rester dans le camp du mal, rejoindre celui des héros ou même survivre à la fin de l'arc. Bref, le suspense était total, quoique légèrement gâché par le numéro musical cheveudanslasoupesque de Bandora et par le deus ex-machina qui permet à Daijûjin de revenir après avoir été détruit (mais c'est censé être un dieu, alors il fallait s'y attendre). L'arc suivant sera par contre beaucoup plus conventionnel.

PARTIE 3 – La venue de Dai Satan (Épisodes 28-39)

Dans ce troisième arc, Bandora obtient une argile spéciale qui lui permet de créer des soldats (Golems) et des monstres (Dora Monsters) plus puissants (Oui, je ne vous l'avais pas dit mais les monstres de Bandora sont créés à partir d'argile). Les Zyu Rangers se rendent rapidement compte que leurs armes habituelles sont inefficaces contre cette nouvelle génération d'ennemis et son premier représentant, Dora Franke.
Geki et Burai unissent leurs forces pour obtenir de nouvelles armes, les thunder slingers, gardés par King Brachion, un mécha ressemblant aux Shugojûs. Dans un premier temps, ces armes s'avèrent efficaces contre les nouveaux Golems et contre Dora Franke... sauf qu'au lieu d'exploser une fois blessé à mort comme ses prédécesseurs, ce dernier se transforme en une créature encore plus puissante, Zombie Franke. Attendez, ce n'est pas fini. Bandora invoque ensuite le démon Dai Satan qui libère un gaz empoisonné sur la Terre et booste encore plus les pouvoirs de Zombie Franke, le transformant en Satan Franke qui terrasse Daijûjin et Dragon Caesar.
Les Zyu Rangers se lancent donc dans une nouvelle quête, blablabla, sauvent Daijûjin et Dragon Caesar, blablabla, prennent le contrôle de King Brachion, blablabla, leurs sept méchas fusionnent en Kyûkyoku Daijûjin, blablabla, Satan Franke est détruit, blablabla, Dai Satan s'enfuit, blablabla, la Terre est sauvée, on a eu chaud, ouf.
Ce troisième arc correspond à une figure imposée du tokusatsu: la création en milieu de série d'une nouvelle génération d'ennemis qui oblige les héros à upgrader leurs armes et leurs pouvoirs afin de les vaincre. Cela se fait malheureusement ici par le biais d'une histoire répétitive avec un ennemi qui ne cesse d'évoluer en une forme encore plus forte, obligeant à chaque fois les héros à se lancer dans une nouvelle quête pour obtenir un nouveau moyen de le vaincre. Bref, on se croirait dans DBZ, sauf qu'ici, au moins, l'histoire ne s'étend pas sur une cinquantaine d'épisodes.
Cet arc n'est cependant pas inutile. Déjà, en donnant aux héros de nouvelles armes et un dernier mécha, la série acquiert sa formule définitive. D'ailleurs, afin d'encore mieux marquer la transition, c'est à partir de cet arc qu'elle obtient de nouveaux eye-catchs (Séquences marquant les pauses publicitaires en milieu d'épisode), ainsi que son générique définitif. Ensuite, cet arc introduit Dai Satan, qu'on retrouvera à la fin de la série, donne à Burai l'occasion de prêter la dragon armor à son frère pour la première fois, et surtout, c'est à l'occasion de cette aventure que les Zyu Rangers apprennent que la vie de Burai est limitée dans le temps. La recherche d'un moyen de le sauver va alors devenir un élément récurrent de la série qui trouvera sa résolution dans l'arc suivant.

PARTIE 4 – La mort de Burai (Épisodes 40-46)

Alors que son espérance de vie continue de s'amenuiser, et ce d'autant plus que Bandora est parvenue à localiser et à détruire "la chambre où le temps s'est arrêté", Burai fait un cauchemar récurrent dans lequel un pousse-pousse fantomatique le conduit au royaume des morts. Dans ce rêve, il croise également Kôda, un jeune garçon qu'il retrouve ensuite dans le monde réel et avec qui il se lie d'amitié.
De leur côté, les Zyu Rangers pensent avoir trouvé un moyen de sauver Burai: l'eau de la vie qui se trouve dans la Terre Sacrée. Pour permettre à Goushi (Mammoth Ranger) et à Dan (Tricera Ranger) de s'y rendre, les Zyu Rangers sont obligés de se débarrasser de leurs dinobucklers et ne peuvent donc plus se transformer ou invoquer les Shugojûs. Pour ne rien arranger, Bandora lance une attaque avec Dora Gansaku qui prend l'apparence des Shugojûs afin de monter le public contre les Zyu Rangers. Si l'idée est bonne, le résultat à l'écran est décevant. D'une part, on ne comprend pas pourquoi les gens se retournent contre les Zyu Rangers alors qu'ils ont eu plusieurs fois l'occasion de voir que c'était un imposteur qui prenait l'apparence de leurs méchas. Et d'autre part, alors qu'un des épisodes se termine avec nos héros à deux doigts de se faire lyncher, dès le début de l'épisode suivant... plus personne ne leur en veut sans aucune explication. À noter que Bandora utilisera un plan similaire dans l'épisode 46, mais que l'idée sera cette fois beaucoup mieux exploitée.
Finalement, les Zyu Rangers récupèrent leurs dinobucklers sans trop d'explication (ça commence à bien faire, les deus ex machinas), et détruisent Dora Gansaku. De leur côté, Goushi et Dan parviennent à obtenir l'eau de la vie, défendue par une gardienne qui n'est autre que Clotho sous une autre apparence, mais c'est pour apprendre que, puisque Burai a déjà été ressuscité une fois, même cette eau ne peut pas le sauver.
Burai meurt donc après avoir confié sa dragon armor et son jûsôken à son frère Geki (ce qui était présagé dans l'arc précédent), et on le voit partir pour le monde des morts à bord du pousse-pousse de son rêve mais cette fois, il est serein, ayant fini par accepter son destin, et même heureux que l'eau de la vie a servi à sauver Kôda, grièvement blessé lors de l'attaque de Dora Gansaku.
Si on excepte les deus ex machinas habituels et l'idée mal exploitée de Bandora montant le public contre les Zyu Rangers, ce quatrième arc est une réussite qui change une dernière fois la dynamique de la série en concluant de manière tragique la sous-intrigue de Burai et en donnant un power-up à Geki. Zyu Ranger peut désormais entamer sa dernière ligne droite.

PARTIE 5 – La bataille finale (Épisodes 47-50)

C'est à l'occasion de ce dernier arc que le spectateur apprend enfin les origines de Bandora. Elle était autrefois la reine d'une tribu préhistorique dont le fils Kai se tua en tentant d'échapper à une maman dinosaure vindicative dont il avait détruit les œufs par jeu. Rendue folle de chagrin par la mort de son fils, Bandora fit alors un pacte avec le démon Dai Satan qui lui accorda ses pouvoirs magiques avec lesquels elle entreprit de détruire le monde.
Kai réapparaît de nos jours, ramené à la vie par Dai Satan, et prend les commandes du robot géant Dora Talos. Face aux forces combinées de Dai Satan et de Dora Talos, les Shugojûs sont rapidement dépassés et apparemment détruits, privant du même coup les Zyu Rangers de leurs pouvoirs.
Alors que nos héros commencent à perdre espoir, le fantôme de Burai leur apparaît et leur révèle qu'en réalité, Bandora a emprisonné les Shugojûs dans le "monde du néant" (Kof! Deus ex machina Kof!). Les Zyu Rangers se lancent donc dans une ultime mission pour les délivrer avant leur bataille finale contre Bandora.
Comme souvent avec les conclusions de séries de tokusatsu, ce dernier arc nous en donne pour notre argent, faisant monter les enjeux avec l'arrivée de deux adversaires surpuissants (Dai Satan et Dora Talos) tout en affaiblissant les héros qui doivent accomplir une dernière quête pour sauver le monde malgré la perte de leurs pouvoirs.
Ce final contribue aussi à humaniser les ennemis des Zyu Rangers, particulièrement Bandora dont on découvre qu'elle était autrefois une mère aimante et pour qui on éprouve une réelle compassion lorsqu'elle perd une deuxième fois son fils, mourant dans ses bras après la destruction de son robot géant. Fait exceptionnel dans ce genre de série, à l'exception de Kai et de Dai Satan (qui se sera avéré être le véritable boss final de la série), aucun des méchants principaux ne meurt et ils sont simplement emprisonnés à nouveau dans une jarre qui dérive dans le vide spatial.
Bien entendu, même si elle a perdu ses pouvoirs magiques dans l'histoire, Bandora promet de reprendre la conquête de la Terre dès qu'elle aura pu s'échapper... Jusqu'à ce que sa suivante Lamy lui présente le fils qu'elle a eu avec Grifforzer (elle aura vraiment eu une grossesse rapide et discrète) et que tous ces méchants endurcis, Bandora la première, se mettent à jouer les tontons gâteaux pour cet adorable bout de chou! Ce final a beau offrir une ultime rédemption aux bad guys, il est quand même assez glauque quand on réalise que ce pauvre bébé va passer toute son existence prisonnier de cette jarre pour des crimes commis par ses parents!
Pour les series de Sentai, il y aura clairement eu un avant et un après Zyu Ranger, cette série ayant apporté de nouveaux éléments qui sont aujourd'hui indissociables du genre, comme le sixième ranger ou le ton léger et humoristique. Le fait que de nombreux éléments de la série aient une inspiration mythologique permet au spectateur de s'amuser à rechercher de quelle légende s'inspire tel personnage ou telle intrigue. On ne rappellera donc jamais assez combien il est dommage que le public français ait été privé de cette série pour avoir à la place la première saison des Power Rangers, consistant en un montage de scènes provenant de Zyu Ranger pour les combats en costume, et de scènes tournés avec des comédiens US pour les scènes en civil. Adieu les origines préhistoriques des héros et les références aux contes et légendes, les Zyu Rangers devenaient des étudiants américains "élus" par une tête flottant dans un tube transparent en lieu et place de Barza. Tout ça pour dire qu'à côte de Zyu Ranger, les Power Rangers ...

BILAN

Concept = 3 / 5
Zyu Ranger est la première série Sentai à utiliser le thème des dinosaures, couplé à celui des jeux de rôles (et donc des contes et légendes qui servent d'inspiration à ces derniers). Le ton général trop enfantin tranche malheureusement trop avec celui habituel de la franchise.

Scénario (Intrigue globale) = 2 / 5
Toute la partie de l'intrigue qui concerne Burai est excellente. Le reste est malheureusement gâché par des recours fréquents à des deus ex machina et une fin trop vite expédiée.

Scénario (Épisodes) = 3,8 / 5
En raison de l'inspiration rôliste de la série, les épisodes sont souvent inspirés de contes et légendes et leurs intrigues reposent fréquemment sur des quêtes à accomplir ou des artefacts à obtenir. (Voir la section épisodes pour plus de détails.)

Héros = 3,5 / 5
Tyranno Ranger (5 / 5) et Dragon Ranger (5 / 5) sont les meilleurs personnages de la série, tandis que les autres ont chacun une spécialité qui lui permet de se démarquer: l'intelligence pour Mammoth Ranger (3 / 5), l'agilité pour Tiger Ranger (3 / 5) et la stratégie pour Ptera Ranger (3 / 5) qui fait un peu "princesse Disney" en raison de l'inspiration "contes et légendes" de la série. Seul Tricera Ranger (2 / 5) est un peu transparent.

Costume(s) = 3,5 / 5
Les casques à l'effigie de têtes de dinosaures dont la bouche forme la visière sont très réussis mais les uniformes avec des losanges blancs figurant des dents sur la poitrine sont trop épurés (3 / 5). L'armure de Dragon Ranger est une bonne idée qui permet de le distinguer visuellement des autres (3,5 / 5). Les tenues civiles d'inspiration "médieval fantastique" sont très élégantes (4 / 5).

Arme(s) = 3,5 / 5
Outre les Ranger Sticks (4 / 5), armes convertibles dont le très bon design évoque une tête de dinosaure, les Zyu Rangers utilisent des versions hi-tech d'armes primitives qu'on pourrait associer aux tribus préhistoriques: lance-pierre (Thunder Slinger (4 / 5)), épée (Ryûgekiken (2 / 5)), hache (Moth Breaker (5 / 5)), lance (Tricelance (4 / 5)), couteaux (Saber Dagger (4 / 5) et Jûsôken (5 / 5)) et arc (Ptera Arrow (3 / 5)). La capacité du Moth Breaker et des Tricelances à se convertir en d'autres armes est un joli plus, tout comme le fait que les armes légendaires évoquent l'animal totem de leur utilisateur, à l'exception du Ryûgekiken et du Jûsôken qui se rattrape largement avec sa fonction musicale qui permet de contrôler l'animal totem et qui est un excellent gimmick, tout comme leur capacité à se transformer en canons incorporés à une arme unique, le Howling Cannon (3 / 5) ... sauf pour le Ryûgekiken qui est juste posée sur le sommet de l'arme, gâchant un peu l'ensemble! Concernant l'arsenal des Shugojûs et des Kyodaijin, Dragon Caesar est le plus gâté avec ses doigts lance-missiles (Dragon Hurley (5 / 5)), sa queue foreuse (Drill Spinning Caesar (5 / 5)) qui devient une lance imposante (Dragon Antler (5 / 5)) et la crête boomerang (Heat Horn (5 / 5)) utilisée par Gôryûjin. Les autres ont droit à des armes efficaces (Tyrannosonic (4 / 5)) ou bien vues (Les queues de Sabertiger et de Triceratops qui deviennent des canons (Sabergun (4 / 5) et Triceracannon (4,5 / 5), lequel évoque les deux grandes cornes de l'animal), les cornes-chaînes de Triceratops (5 / 5), le Moth-Blizzard (5 / 5), la tête de Mammoth qui devient un bouclier lance-rayons (Mammoth Shield (5 / 5))), mais aussi d'autres beaucoup plus banales (Pterabeam (1 / 5), Gaiatron Energy Dan (1 / 5), Tail Cannon (1 / 5), Jûsensha Cannon (1 / 5), Kaiser Burst (3 / 5), God Horn (2 / 5), Daijûjin Beam (2 / 5)) quand elles ne sont pas tellement peu utilisées qu'elles n'ont même pas de nom (Le canon dorsal de Daijûjin (2 / 5)).

Morpheur(s) = 2 / 5
La série rompt la tradition des bracelets hi-techs (qui, il est vrai, ne faisaient pas très "préhistoire) pour opter pour une boucle de ceinture au mécanisme simpliste avec le Dinobuckler.

Séquence(s) de transformation = 1 / 5
Trop minimaliste.

Personnage(s) régulier(s) = 4 / 5
Les Zyu Rangers sont secondés par un bon personnage de sorcier/mentor/figure paternelle bénéficiant d'un très joli costume en la personne de Barza (4 / 5) tandis que Clotho (4 / 5) est mystérieuse à souhait (Et son aspect d'enfant la rend assez flippante).

Personnages secondaires = 2,7 / 5
Même si on a parfois droit à des personnages réussis et/ou mémorables, la série abonde en enfants innocents à sauver interchangeables dont l'intégration au récit est parfois vraiment forcée.

Ennemi(s) récurrent(s) = 2,4 / 5
Entre ses origines tragiques, son look extravagant et l'interprétation de la géniale Machiko Soga, Bandora (5 / 5) est une méchante principale mémorable mais est aussi la seule antagoniste de la série à bénéficier d'un véritable arc. Et si les deux guerriers de service, Grifforzer (3,5 / 5) et Lamy (3,5 / 5), sont sauvés par leurs designs tandis que Puripurikan (3 / 5) a une utilité en tant que créateur de monstres, Totpat (1 / 5) et Bookbak (1 / 5) ne sont que deux faire-valoir comiques trèèèèèèès dispensables. Quant à Dai Satan (0,2 / 5) qui sert de boss final, c'est juste une tête flottante sans personnalité. Enfin, si le côté "guerrier de pierre" des Golems (2 / 5) est sympa, leur design n'est vraiment pas terrible.

Monstres de la semaine = 3,5 / 5
Souvent inspirés de contes et légendes, ils sont très rarement ratés et ne détonneraient pas dans le bestiaire d'un jeu de rôle (Voir la section Bandora pour plus de détails).

Mécha(s) (Véhicule(s)) = 4,1 / 5
Dragon Caesar (5 / 5) est incontestablement le plus réussi des méchas individuels de la série. Robots ou véhicules basés sur des animaux préhistoriques, les autres Shugojûs ne déméritent pas (Tyrannosaurus (4 / 5), Mammoth (4 / 5), Triceratops (4 / 5), Sabertiger (4 / 5), Pteranodon (4 / 5), King Brachion (4 / 5)) mais leur assemblage en Dinotanker (1 / 5) est très laid. Enfin, les Saurer Machines sont des motos à l'effigie de dinosaures fort réussies (Road Saurer 1 (5 / 5), Side Saurer 2 (5 / 5), Side Saurer 3 (5 / 5)).

Mécha(s) (Robot(s)) = 3 / 5
On sent l'influence de Golion dans les designs de Daijûjin (4 / 5) (dont j'aime bien la mâchoire sur la poitrine) et de Gôryûjin (4 / 5) qui sont par ailleurs les premiers robots de Sentai à être formé par la combinaison des mêmes méchas autour d'un mécha central différent. Jûtei Daijûjin (1 / 5) est malheureusement nettement moins réussi avec sa coiffe et ses épaulettes encombrantes et inesthétiques et on ne notera pas Kyûkyoku Daijûjin qui est grosso-modo le même robot monté sur King Brachion.

Base(s) = 4 / 5
Un palais sur la Lune pour le Bandora Palace (4 / 5) de Bandora et un temple souterrain (4 / 5) pour les Zyu Rangers: deux bases qui sentent bon l'univers des jeux de rôles. On ajoutera également la pièce où le temps s'est arrêté (4 / 5) pour Dragon Ranger qui est pour lui autant un quartier général qu'un moyen de survie.

Casting = 4 / 5
Dominé par les charismatiques Yûta Mochizuki (Tyranno Ranger) et Shirô Izumi (Dragon Ranger), le casting de la série est plutôt bon avec une mention spéciale pour Takumi Hashimoto (Tiger Ranger) qui exécute lui-même ses nombreuses et acrobatiques scènes d'action. En revanche, même si j'aime bien Reiko Chiba (Ptera Ranger), elle a tendance à rendre son personnage trop gnangnan.

Combats = 4 / 5
Il y a de bonnes innovations dans cette série. Déjà, Tyrannosaurus et Dragon Caesar étant deux méchas antropomorphes, il leur arrive d'affronter les monstres géants. Ensuite, les combats ne suivent pas toujours le schéma répétitif habituel (Combat contre le monstre de la semaine, attaque finale, résurrection sous forme géante, combat avec le(s) robot(s) géant(s), deuxième attaque finale) puisque certains de leurs adversaires n'existe que sous leur forme géante, ne renaissent pas après leur première défaite ou grandissent sans utiliser le mécanisme habituel. Enfin, il y a une jolie variété d'attaques finales, mais la plupart sont peu spectaculaires (Grand Punisher), peu utilisées (Kaiser Burst), voire inefficaces (Babel Attack).

Effets spéciaux = 3,5 / 5
Malgré quelques ratages et approximations, ils sont d'un bon niveau pour l'époque.

Musiques = 4 / 5
La partition de 吉田 明彦 (Yoshida Akihiko) est riche en morceaux épiques.

Générique(s) = 3 / 5
Le générique de début s'accompagne du joyeux 恐竜 戦隊 ジュウ レンジャー (Kyôryû sentai Zyu Ranger) = Escadron des dinosaures Zyu Ranger de 佐藤 健太 (Satô Kenta) et suit le cahier des charges en nous présentant les 5 héros (le 6eme Ranger étant alors une innovation, il n'est pas intégré au générique après son apparition dans la série) et leurs méchas entre deux scènes d'action. (3 / 5)

Le générique de fin montre les Zyu Rangers s'amuser et pique-niquer, le tout accompagné de l'encore plus joyeux 冒険 して ラッパピーヤ! (Bôken shite rappapiiya!) = Vivons des aventures et taratata! de ピタゴラス (Pythagorus), qui donne littéralement l'impression d'être en vacance dans les îles. (3 / 5)

NOTE FINALE = 12,9 / 20