地獄 少女 (Jigoku Shôjo) = La Fille des Enfers



Année : 2006
Catégorie(s) : Fantastique, Horreur.
Genre : Veux-tu goûter à la mort?

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LA SÉRIE


S'il vous suffisait d'écrire le nom d'une personne que vous détestez pour que celle-ci disparaisse aussitôt de la surface de la Terre, le feriez-vous? Et si en contrepartie, votre âme était précipitée en Enfer à votre mort, le feriez-vous quand-même? C'est sur ce postulat de départ que repose la série animée Jigoku Shôjo, dont le succès lui a valu d'être également décliné sous forme de manga (c'est d'ailleurs principalement sous cette forme que la série est connue en France, alors que les personnages récurrents y sont peu ou pas développés, rendant le tout assez peu "reader friendly") et de la série live qui nous intéresse ici.


Veuillez entrer le nom de votre victime.

Le Courrier des Enfers est un site internet auquel on ne peut accéder qu'à minuit exactement. Si on y entre le nom d'une personne qu'on déteste, la Fille des Enfers, Ai Enma, apparaît et nous remet une poupée de paille entourée d'une cordelette rouge. (Ce genre de poupée est un accessoire souvent utilisé pour lancer des sorts dans la culture japonaise, comme un équivalent nippon des poupées vaudous.)


Dans l'au-delà aussi, on a internet.


En revanche, les distractions y sont rares.


Ceci n'est pas Yahoo.


Avant internet, la Fille des Enfers se faisait contacter par la poste.


Elle pourrait frapper avant d'entrer, quand-même.


N'approchez pas! J'ai une poupée et je n'hésiterai pas à m'en servir!

Il ne reste plus ensuite qu'à retirer cette cordelette pour valider le pacte et Ai emporte notre Némésis en Enfer tandis qu'une marque en forme de flamme noire apparaît sur notre poitrine pour nous signifier que notre âme sera elle-aussi précipitée en Enfer à notre mort.


Une petite consolation: ça fait un joli tatouage gratuit.


Et si je vous dis que je n'ai pas mon billet, vous m'emmenez quand même en Enfer?

Beaucoup croient que ce n'est qu'une légende urbaine, mais ce site existe réellement, ainsi que Ai Enma et le trio de Yôkais (créatures surnaturelles du folklore japonais) sadiques chargés d'espionner ses victimes avant de leur infliger une punition inspirée des méfaits qu'ils ont commis pour mériter leur damnation.


Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en Enfer.


Et maintenant ...


... voici le clou de notre spectacle!

Ces trois assistants surnaturels sont Hone Onna (Femme squelette), une très belle femme dont le squelette devient parfois partiellement visible, Ichimokuren, un borgne dont l'œil manquant apparaît sur les murs pour épier les futures victimes d'Ai, et Wanyûdô, un vieillard qui prend la forme de la poupée qu'Ai confie à ses clients.


Je suis la Femme squelette. C'est moi qui ai le rôle sexy.


À condition d'être nécrophile, bien sûr.


Ichimokuren ...


... tient les victimes d'Ai à l'œil.


Wanyûdô a pourtant largement passé l'âge de jouer à la poupée.


Dépêche-toi de me retirer cette cordelette que je puisse retrouver ma véritable apparence. J'attrape des crampes, moi!

Étant donné le concept de départ, on pouvait redouter une série répétitive dont chaque épisode reprendrait la même trame scénaristique: un héros à qui on fait des misères demande à la Fille des Enfers de le venger et son tortionnaire finit en Enfer après une punition infligée par ses trois comparses selon le principe "œil pour œil". Si certains épisodes reposent effectivement sur cette formule, il y a heureusement des variations (d'ailleurs, seulement 6 épisodes sur 12 comportent les séquences cauchemardesques où les Yôkais s'acharnent sur les victimes d'Ai, séquences immédiatement identifiables à leur filtre violet). On a même droit à des twists réellement surprenant à la fin de certains, en particulier l'excellent Yakusoku No Akai Ito.


Oh, oh! On est passé au filtre violet, c'est mauvais signe.


Cette fille en perd la tête.


Tu me fais tourner la tête.


Bouh!


Ah, le bon vieux truc de la main rentrée dans la manche pour faire moignon.

De plus, la série met rapidement en place une intrigue fil rouge centré sur Hajime Shibata, un journaliste qui enquête sur les agissements d'Ai Enma avec l'aide des visions de sa fille Tsugumi. Ainsi, Ôma No Migiri est presque entièrement raconté du point de vue d'Hajime; dans Amai Yûwaku, il tente de convaincre une femme qui a contactée Ai Enma de renoncer à sa vengeance; tandis que dans Seiya No Kiseki, il assiste aux derniers instants d'un des commanditaires d'Ai. Enfin, dans Genshisei No Yami, un épisode final en deux parties particulièrement riche en révélations et en coups de théâtre, il contacte Ai pour se venger du responsable de l'enlèvement de Tsugumi, mais aussi de la disparition de son épouse 5 ans plus tôt.


La seule explication logique, c'est que Tsugumi est une medium.


Rançon de sa célébrité, Ai est traquée par un paparazzi.


Elle a même un admirateur secret.


Dans cette série, même les tableaux jouent admirablement bien la tristesse.


Veux-tu goûter à la mort?



BILAN


Concept = 5 / 5
Reposant sur le thème de la vengeance par procuration, cette version live de Jigoku Shôjo reprend la formule de la série animée d'origine tout en prenant suffisamment de libertés pour avoir sa propre identité.



Scénario (Intrigue globale) = 5 / 5
Plutôt que de reprendre à l'identique l'intrigue principale de la série d'origine, cette version live préfère raconter sa propre histoire à base de vengeance mal dirigée aboutissant à une conclusion tragique où elle n'aura servi qu'à faire des victimes innocentes supplémentaires.



Scénario (Épisodes) = 4,7 / 5
La série évite le piège de s'enfermer dans une formule répétitive et multiplie les excellents épisodes (particulièrement ceux centrés sur la famille Shibata) où les punitions cauchemardesques que les Yôkais infligent aux victimes d'Ai avant leur départ pour l'Enfer alternent avec des séquences réellement émouvantes qui nous font compatir avec les clients de la Fille des Enfers ... mais aussi avec certaines de ses victimes qui ne méritent pas toujours leur sort. (Voir la section Épisodes pour plus de détails)



Héroïne = 3,5 / 5
Ai Enma est un personnage intriguant et charismatique; mais comme le scénario se concentre surtout sur ses clients et victimes, ainsi que sur la famille Shibata, elle est finalement très peu développée (à part dans l'épisode 10), et ce d'autant plus que, contrairement à la version animée, cette version live fait l'impasse sur son passé et ses origines.



Assistants = 2,8 / 5
Aussi charismatiques qu'ils sont effrayants, sadiques et sarcastiques avec leurs victimes, Hone Onna (3,5 / 5), Wanyûdô (3,5 / 5) et Ichimokuren (3,5 / 5) souffrent cependant du même problème qu'Ai et sont donc peu développés, tandis qu'Obaachan (0,7 / 5) est réduite à un élément du décor.



Personnages réguliers = 4,2 / 5
Cette série live faisant l'impasse sur les origines d'Ai Enma, ses relations avec Hajime Shibata (5 / 5) et sa fille Tsugumi (5 / 5) sont évidement différentes par rapport à l'anime où elle les haissait en tant que descendants de son ami qui l'avait autrefois trahie pour participer à son supplice. Ce n'est cependant pas un défaut et les deux personnages fonctionnent parfaitement, sont attachants et permettent un débat idéologique sur le bien fondé de la vengeance à travers leurs opinions diamétralement opposées sur le sujet, Tsugumi approuvant les actions d'Ai Enma tandis que son père s'y oppose. Leur "ami" Nishi (5 / 5) paraît sympathique et amical tout au long de la série, rendant sa trahison finale aussi surprenante que cruelle et surtout tragique car motivée par un désir de vengeance mal dirigé. Le redacteur en chef Takashi Inagaki (3 / 5) et l'inspecteur Ôtaki (3 / 5) sont avant tout des personnages fonctions interagissant avec Hajime mais ils n'en jouent pas moins des rôles clés dans la conclusion de la série.



Personnages secondaires = 5 / 5
Les commanditaires d'Ai sont tous réussis, nous faisant comprendre et partager leurs souffrances, leur sentiment d'injustice et leur désir de vengeance.



Antagonistes = 3,5 / 5
On adore détester les victimes d'Ai avant de les voir connaître une punition adaptée à leurs méfaits, mais ils ont une fâcheuse tendance à être trop manichéens, particulièrement Muroi, Kiriko Matsui et Junya Wakatsuki qui sont peu présents dans leurs épisodes et donc encore moins développés que les autres. Certains sortent cependant du lot, comme Seiichi Toriumi qui a certains bons côtés et n'est pas conscient des torts qu'il cause et Mako qui bénéficie d'un excellent twist sur sa véritable identité.



Casting = 5 / 5
Rien à redire sur le casting: avec son regard étrange, Sayuri Iwata campe une Ai monolithique et taciturne, diamétralement opposée à la véritable personnalité de l'actrice, au point qu'on a du mal à la reconnaître quand on la voit dans le making of. Les nostalgiques de Liveman apprécieront de retrouver Yellow Lion dans le rôle d'Hajime tandis que dans celui de Tsugumi, la jeune débutante Saaya Irie se débrouille plutôt bien pour son âge.



Effets spéciaux = 3 / 5
Les effets spéciaux sont très inégaux. Si les pouvoirs de Hone Onna et d'Ichimokuren sont très bien rendus, de même que les scènes où Ai Enma emporte ses victimes en Enfer, d'autres trucages sont nettement moins convaincants, comme les têtes décapitées du premier épisode ou les scènes où Ai joue les passe-murailles.



Musiques = 5 / 5
La série live reprend les compositions que 長谷川 智樹 (Hasegawa Tomoki) avait créées pour la version animée et elles sont toutes excellentes, soulignant à la perfection les moments mélancoliques comme ceux horrifiques.



Générique(s) = 4 / 5
Le générique de début est à la fois sobre et efficace: une voix off nous décrit le principe du Courrier des Enfers (et donc de la série) illustré par une horloge avançant vers minuit avant de devenir le site en question, lequel subit quelques incidents techniques durant lesquels apparaît brièvement Ai (ainsi que le mot 怨み (Urami) = Rancune répété en boucle dans la barre de recherche) avant de devenir sa marque en forme de flamme, puis son œil une fois la requête validée. (5 / 5)


Je suis assez partagé concernant le générique de fin. D'un côté, il est visuellement beau, poétique et accompagné de la superbe chanson Dream Catcher par Olivia. De l'autre, il ne correspond pas du tout à l'ambiance sombre et pessimiste de la série. (3 / 5)




NOTE FINALE = 16,9 / 20



Toku-Actrice(s) :