Le galop d'essai de la saison 1 de Tales from the crypt ayant rencontré le succès, la chaîne HBO pouvait passer à la vitesse supérieure avec une saison 2 bien plus longue (18 épisodes) qui conserverait les ingrédients de la première tout en en améliorant la recette. À table!
Attention, vous risquez de trouver certaines histoires difficiles à avaler.
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Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on retrouve de grands noms de la réalisation aux commandes de certains épisodes, comme Walter Hill ou Richard Donner.
Qui, comme dans la saison précédente, fait un cameo dans le public.
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Mais cette fois, on a aussi droit à des noms connus ou appelés à le devenir au casting. Voyez plutôt:
Et surtout, cette saison inaugure une tradition consistant à confier le poste de réalisateur à un acteur le temps d'un épisode. Arnold Schwarzenegger est le premier à s'y coller avec une histoire sur mesure de milliardaire se ruinant en opérations destinées à remplacer son visage, puis son corps par ceux d'un jeune et vigoureux athlète dans l'espoir de séduire une femme dont il pourrait être le grand-père.
Son chirurgien n'a pas une tête de savant fou, il en a plusieurs.
La tête, ça va (même si le maquillage laisse à désirer), mais le corps demande encore quelques réglages.
Voilà, c'est beaucoup mieux!
Ah zut, on a oublié les jambes!
Cette fois, c'est parfait!
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Pour ce qui est des scenarii, cette saison continue d'adapter des récits publiées dans les revues d'horreur d'EC Comics (
Tales from the Crypt,
Vault of Horror et
Haunt of Fear) mais aussi dans
Shock Suspenstories, une anthologie fourre-tout qui regroupait beaucoup de fictions policières mais aussi de SF et surtout, ce qu'EC appelait ses "prêches", des histoires pessimistes dénonçant les travers de la société de l'époque et qui sont, hélas, toujours d'actualité aujourd'hui: paranoïa anti-communiste (remplacée depuis par l'islamophobie), racisme, erreurs judiciaires ... Et oui, n'en déplaise aux guignols du
Comicsgate, les comics SJW existaient déjà dans les années 50. Vous avez trois générations de retard, les gars!
On leur déconseillera donc le visionnage de cet épisode au casting entièrement constitué d'afro-américains (Plus deux asiatiques), il leur ferait broyer du noir.
Le racisme, c'est pas le pied!
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C'est d'ailleurs de cette anthologie qu'est tiré un des meilleurs épisodes de la saison,
Three's a Crowd, un thriller psychologique dans lequel la jalousie pousse un homme marié dans la paranoïa et la folie meurtrière.
Garbage day!
Fais pas le con, Philippe!
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Parmi les autres réussites, citons l'excellent thriller
Mute Witness to Murder dans lequel une femme qui a perdu la parole après avoir assisté à un meurtre est internée dans un hôpital psychiatrique dirigé par le meurtrier ...
Une vraie histoire de fous!
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... mais aussi les adaptations de deux récits cultes de
Tales from the Crypt:
Kamen's Kalamity (rebaptisé
Korman's Kalamity) et
Lower Berth. Le premier est une satire de la rédaction d'EC Comics et le deuxième - SPOILER! - raconte les origines du narrateur de la série - FIN DU SPOILER. Ce sont d'ailleurs de très bons exemples d'adaptations apportant des changements pertinents aux histoires originales. En effet, même si
Kamen's Kalamity était très drôle, son pitch aurait donné un épisode très moyen (En gros, à force de subir les pressions de ses éditeurs, désespérés par son incapacité à illustrer des histoires d'horreur, le dessinateur éponyme finissait par faire un cauchemar où il se changeait en loup-garou). L'épisode qui en est tiré conserve l'idée de parodier la rédaction de
Tales from the Crypt et le héros dessinateur plus à l'aise dans les récits romantiques que ceux horrifiques, mais cette fois, il découvre que les monstres qu'il dessine apparaissent dans le monde réel.
Comment doit-on interpréter le fait qu'une des planches du récit original apparaît dans une poubelle?
Jim Korman (à gauche), avatar télévisuel de Jack Kamen, dessinateur d'EC Comics et père de l'inventeur du Segway (Véridique!).
Comme son modèle, il préfère dessiner des romances ...
... plutôt que des monstres.
You wanna see something really scary?
C'est moi ou cette robe me boudine?
Petite mise en abîme avec les transitions entre les scènes qui se font en tournant des pages.
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Quant à l'adaptation de
Lower Berth, elle étoffe le récit original en ajoutant une histoire de malédiction et de momie volée et en faisant d'Enoch un freak vivant plutôt qu'un cadavre dans du formol. Ce phénomène de foire simplet exploité et maltraité par son propriétaire attire immédiatement la sympathie et la compassion du spectateur, rapprochant ainsi l'épisode de chefs d'œuvre comme
Freaks et
Elephant Man.
C'est beau, l'amour entre freaks.
Petit clin d'œil: la version comics d'Enoch apparaît dans Korman's Kalamity .
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Autre exemple de modification pertinente, l'adaptation de
My Brother's Keeper, consciente qu'il aurait été difficile de cacher jusqu'à la conclusion le fait que les deux héros étaient siamois comme le faisait le récit original, a la bonne idée de le révéler dès le début tout en conservant l'idée d'un criminel convaincu d'échapper à une justice qui ne peut le condamner sans obliger son frère innocent à partager sa peine. Malheureusement, le scénario ne tient pas la route car il implique qu'il aurait pu engager une prostituée pour séduire son frère siamois sans que ce dernier soit au courant!
Des frères très soudés.
Ce qui leur pose des problèmes pour draguer.
Mais ça peut s'arranger.
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Car il y a aussi des cas où les changements apportés gâchent l'histoire:
The Ventriloquist's Dummy ajoute une conclusion supplémentaire aussi inutile qu'invraisemblable et alors que la version comics de
Television Terror était une émission télévisée presque entièrement vue par l'œil de la caméra (à l'exception de l'intro et de la conclusion qui montraient les téléspectateurs pour contextualiser le récit), l'adaptation abandonne ce gimmick, pourtant idéal pour le format TV, pour n'être plus qu'une banale histoire de maison hantée.
Je peux entrer?
Oh, pardon, M. Marat.
Coupez!
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Mais le plus gros ratage concerne
The Sacrifice, une histoire de garce faisant assassiner son mari par son amant avant de faire croire à ce dernier qu'un témoin la fait chanter afin qu'il se suicide en laissant une confession où il avoue être le meurtrier. L'adaptation devient un cas d'école d'incohérence où c'est l'amant et non la garce qui a l'idée du meurtre et où elle détruit la confession qui l'innocentait. Et histoire d'en remettre une couche, les auteurs ajoutent une fin ouverte suggérant qu'elle pourrait être démasquée à cause du perroquet de son mari ... qui ne dit absolument rien d'incriminant!
Rodrigo Tortilla, tu m'as tué!
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Évidemment, la série ne serait pas ce qu'elle est sans son narrateur passionné de calembours macabres, le Crypt-Keeper, dont la voix est toujours assurée par John Kassir tandis que sa marionnette a été perfectionnée pour être plus détaillée et expressive et qui multiplie désormais les déguisements pour le plus grand plaisir du spectateur.
Là, je sèche ... Il est déguisé en basketteur ou en tragédien jouant Hamlet?
À l'occasion de la sortie de la saison 2 en DVD, il a droit à des séquences inédites pour animer les menus ...
... et présente un "chocumentaire" dans les bonus.
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