FICHE TECHNIQUE



Année : 1994
Pays : États-Unis
Catégorie(s) : Anthologie, Horreur, Humour, Policier.
Genre : Six trouilles

Acheter la série : La plupart des épisodes sont inédits en France mais disponibles dans l'édition US (Amazon, Ebay) qui est zone free et sous-titrée malgré l'absence de VF.


SÉRIE


Avec cette sixième saison de l'anthologie horrifique Tales from the Crypt, nous entrons en territoire quasi-inconnu car seulement deux de ses quinze épisodes furent diffusés dans l'Hexagone. C'est donc avec un mélange d'excitation et de crainte que nous nous aventurons à l'intérieur car, tel le héros d'un des récits d'EC comics dans lesquels la série puise son inspiration, ne risquons nous pas, en espérant découvrir un ancien trésor inestimable, de mettre à jour une abomination qui aurait dû rester à jamais oubliée?


À quelles horreurs allons-nous ouvrir la porte?

Déjà, un premier constat s'impose à ceux qui ont lu les récits d'origine: la fidélité est de moins en moins à l'ordre du jour. Certes, Surprise Party, The Bribe, The Pit et 99 and 44% Pure Horror reprennent les intrigues des bandes-dessinées homonymes avec quelques modernisations et changements bienvenus (comme déplacer une histoire se passant dans le monde des combats d'animaux pour la situer dans celui de la MMA) et même une chute plus gore pour le dernier ...


Un vrai bain de sang!


L'œil était dans le savon et regardait Cain.

Mais d'autres épisodes, jugeant le récit d'origine trop mince pour remplir 25 minutes, conservent l'idée de départ (Par exemple, un animateur radio utilisant un enregistrement pour se créer un alibi pendant qu'il commet un meurtre) mais font n'importe quoi avec, ou bien l'étoffent en rajoutant, par exemple, une histoire de meurtres en série à celle, simple, d'un homme tombant amoureux d'une femme rencontrée dans un bal costumé et dont il ignore le vrai visage. Fausse bonne idée, car les twists de départ perdent toute leur force en se retrouvant noyés dans une masse d'éléments nouveaux quand ils ne sont pas remplacés par d'autres, beaucoup plus faibles. Les auteurs réussissent même l'exploit de rater un épisode reposant sur un concept aussi cool que d'anciens militaires reconvertis en braconniers qui découvrent un repaire de vampires en Alaska!


Cette gamine a les crocs.

Et bien sûr, il y a les épisodes qui n'ont plus que le titre en commun avec le récit d'origine, avec des résultats parfois catastrophiques, comme Operation Friendship qui passe de l'histoire glaçante d'un savant possessif recourant à des mesures extrêmes pour empêcher le mariage de son meilleur ami à un énième récit de double personnalité, ou Whirlpool qui transforme les tribulations cauchemardesques d'une patiente d'un hôpital psychiatrique qui voit ses médecins et leurs traitements comme des démons lui infligeant les tortures les plus sadiques en un mauvais remake d'Un Jour Sans Fin doublé d'une tentative de satire de la rédaction d'EC, déjà fait en beaucoup mieux dans la saison 2.


Oscar de la fainéantise: cette planche est censée représenter l'histoire de l'épisode mais seule la dernière case correspond, les autres étant des reproductions d'une page de Jack Kamen.

Le cas le plus triste est celui de Doctor of Horror, qui conserve l'idée de cadavres volés par un médecin peu scrupuleux, l'étoffe en faisant dudit médecin un scientifique à la recherche d'une glande qui renfermerait l'âme humaine mais n'a aucune idée de comment conclure sa pourtant prometteuse histoire et nous sort donc une chute mal amenée et pas du tout à la hauteur.


Tout bien pesé, il y a de quoi perdre la tête.

Et n'oublions pas un cas encore plus étrange que celui du Dr Jeckyll et de Mr Hyde: celui de Revenge is the Nuts, qui narre la vengeance des pensionnaires d'un foyer pour aveugles contre leur cruel directeur et qui est en réalité une adaptation de Blind Alley mais utilise le titre d'un récit similaire se déroulant dans un hôpital psychiatrique, ajoutant un personnage de factotum handicapé mental pour qu'il reste pertinent (Nuts signifie "noisette" mais aussi "cinglé"). Est-ce pour des questions de droits parce que l'histoire avait déjà été adaptée dans le film à sketch britannique des années 70? Ça ne leur avait pourtant pas posé de problèmes pour And All Through the House dans la saison 1. Alors, pourquoi?


Comme eux, je ne vois vraiment pas.

Heureusement, parmi ces ratages surnagent quelques réussites, comme Let the Punishment Fit the Crime qui remplace l'histoire d'enfants appliquant la loi un peu trop au pied de la lettre par les mésaventures ubuesques d'une avocate sans scrupules coincée dans une ville aux lois tellement sévères qu'elle risque la peine de mort pour une peccadille. Un petit bijou qu'on croirait sorti de Twilight Zone, le gore en plus!


Comme avocat, il est grillé.

Ou encore Staired in Horror, avec lequel on passe d'une banale vengeance d'outre-tombe à un escalier maudit faisant vieillir ou rajeunir selon le sens dans lequel on l'emprunte.


Soit c'est ça, soit l'escalier est tellement long ...


... qu'il faut des années pour le descendre.


Putain! Putain de nom de Dieu! Qui c'est, ce zigoto, un petit comique, hein? L'engagé Guignol?

Et enfin, LE meilleur épisode de la saison, The Assassin, qui transforme la simple traque de sa cible par un tueur à gages en un récit de home invasion où une femme au foyer est confrontée à des tueurs de la CIA venus éliminer son mari qu'ils soupçonnent d'être un ancien confrère ayant changé de visage et d'identité.


Shelley Hack, alias la Drôle de Dame que tout le monde a oublié.


La Mort de Bill & Ted vient jouer les guests.

Terminons logiquement avec le dernier épisode, You, Murderer, dont le seul point commun avec le récit d'origine est d'être entièrement en vue subjective. Changer complètement l'histoire n'est pas forcément une mauvaise idée car, bien qu'excellente, elle était assez datée puisqu'il s'agissait d'une parabole de la propagande de l'époque, où le lecteur était hypnotisé pour tuer un innocent en le prenant pour un terroriste communiste. Ici, on a affaire à un récit de film noir classique mais correct se déroulant à une époque aussi indéterminée qu'indéterminable (scénario et direction artistique évoquent grandement les années 50 mais les personnages utilisent des téléphones portables) et son principal intérêt est que le réalisateur Robert Zemeckis y utilise une technique déjà expérimenté sur Forest Gump pour donner au héros le visage de ... Humphrey Bogart, visible uniquement quand il fait face à un miroir.


Il faut hélas reconnaître que l'effet n'a pas très bien vieilli.


La vie est comme une boîte de chocottes.


T'en veux?


Non merci, ça me donne des sueurs froides.



BILAN


Concept = 4 / 5
Si la série reste une anthologie d'histoires horrifiques ou policières à chute inspirées des célèbres comics EC des années 50, certaines adaptations s'éloignent tellement des récits d'origines qu'elles n'ont plus que le titre en commun et qu'on se demande pourquoi les auteurs n'ont pas assumé ces changements en en faisant des histoires originales.


Histoires = 2,6 / 5
La série est de plus en plus inégale et les très bons épisodes en côtoient d'autres complètement inregardables. (Voir la section Épisodes pour plus de détails.)


Humour = 4 / 5
Si l'humour noir de certaines chûtes, les calembours macabres du Crypt-Keeper et le ton comique de certains épisodes font mouche, il y a quelques cas où l'humour tombe à plat, notamment quand il est le fait de personnages insupportables comme Eddie.


Narrateur = 5 / 5
Continuant d'introduire et de conclure chaque récit dans des séquences humoristiques où il enchaîne les calembours macabres, le Crypt-Keeper se sociabilise en discutant avec d'autres personnages et en sortant même parfois de son repaire.


Personnages = 3,6 / 5
Les mauvais épisodes sont rarement sauvés par de bons personnages et certains sont même franchement agaçants.


Casting = 4,5 / 5
On a une nouvelle fois droit à une galerie de fameux et talentueux acteurs. En revanche, l'inclusion de célébrités décédées dans le dernier épisode passe beaucoup plus mal maintenant que la pratique commence à se généraliser et fait de plus en plus polémique. Je reste cependant convaincu que Robert Zemeckis n'avait aucune intention cynique et était motivé par le défi technique et la volonté de rendre un hommage sincère à deux monstres sacrés du cinéma.


Monstres = 3,5 / 5
Il y a du bon et du moins bon. Les vampires sont très réussis, tout comme les maquillages de vieillards de Staired in Horror et ceux des spectres de Let the Punishment Fit the Crime; on ne peut malheureusement pas en dire autant de ceux de Surprise Party et du visage de Molly.


Décors = 4 / 5
Certains souffrent du syndrome "scène tournée en studio" (décor minimaliste ou limité à une ou deux pièces, le tout filmé de très près ou dans la pénombre pour cacher la misère) mais il y a quand même de belles réussites, comme le tribunal, la maison des Charbonnet ou celle des McKay.


Effets spéciaux = 4 / 5
De qualité, même si les incrustations de Humphrey Bogart et Alfred Hitchcock ont mal vieilli alors qu'elles constituaient une prouesse à l'époque.


Couvertures ≈ 2,7 / 5
Mike Vosburg ne cesse de baisser et seules quelques rares réussites surnagent dans un océan de couvertures au mieux génériques, au pire complètement ratées. L'utilisation sur certaines d'effets infographiques qui paraissent aujourd'hui affreusement datés n'aide pas. (Voir la section Couvertures pour plus de détails. La moyenne est arrondie à la décimale la plus proche.)


Musiques = 5 / 5
Chaque épisode a son propre compositeur qui contribue à lui donner une ambiance musicale unique.


Générique(s) ≈ 4,8 / 5
Accompagné de l'excellent thème de Danny Elfman, le générique de début, filmé en caméra subjective, nous guide à travers une vieille demeure abandonnée jusqu'à un passage secret menant à une crypte et à un cercueil dont un Crypt-Keeper ricanant jaillit tel un diable de sa boîte tandis qu'un liquide verdâtre coule sur l'écran pour faire apparaître le titre. (Thème = 5 / 5, Images = 5 / 5, Moyenne = 5 / 5)


Fort logiquement, le générique de fin nous fait faire le chemin inverse mais - je vais faire mon pinailleur - la caméra subjective donne l'impression qu'on quitte la maison ... à reculon. (Thème = 5 / 5, Images = 4 / 5, Moyenne = 4,5 / 5) (La moyenne est arrondie à la décimale la plus proche.)




NOTE FINALE = 15,9 / 20

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