Année :
1993
Genre : Go Nagai à gogo.
Durée: 1 h 35

Avec:
Shun Sugata
Megumi Takahashi
Rie Kondoo

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Inventeur des principaux clichés du genre (les robots géants pilotés par le héros, les robots transformables, les attaques nommées pendant les combats, c'est de lui) et créateur de tellement de séries, souvent cultes, que la légende veut que même lui soit incapable de toutes les lister, Go Nagai est un de ces mangakas sans qui l'entertainment japonais ne serait pas ce qu'il est. Parmi ses créations les plus célèbres, on retiendra Goldorak, Mazinger Z, Devilman, Cutie Honey et Kekkou Kamen, cette dernière étant tellement farfelue que son adaptation filmique est un must-see pour les amateurs de cinéma déjanté.


L'action du manga d'origine se déroule dans un lycée aussi privé que coupé du monde extérieur, où les élèves sont soumis à la tyrannie du corps enseignant qui a pour habitude de leur infliger divers chatiments corporels à la moindre mauvaise note ou manquement au règlement. Critique sociale de l'élitisme excessif des écoles japonaises? Non, plutôt une bonne excuse pour montrer des lycéennes en sous-vêtements subissant les pires sévices.


Une école fort accueillante.


Le proviseur, répondant au doux nom de Satan No Ashi No Tsume
(litt: Ongle D'Orteil De Satan).

Heureusement pour les innocentes victimes, arrive toujours à point nommé... Zorro? Non, il n'était pas disponible. A la place, nous avons Kekkou Kamen, combattant les méchants à grands coups de nunchaku et de nuque brisée entre les cuisses et dissimulant son identité derrière une cagoule à oreilles de lapin, une écharpe (aggrémentée d'une cape dans le film), une paire de gants et de bottes... et c'est tout. Oui, vous avez bien lu: Kekkou Kamen combat les forces du mal à oilpé (qui vient de demander: "c'est où, ça, Oilpé?"). A ce stade, vous comprenez que ces fripons de Nippons ne pouvaient pas ne pas adapter une telle héroïne en live. A ce jour, on dénombre pas moins de trois trilogies officielles (dont le seul lien entre elles est de n'en avoir aucun). Précisons, toutefois, que le réalisateur use à chaque fois de ruses de sioux pour masquer l'intimité de l'actrice principale, censure oblige (Au Japon, il est interdit de montrer des organes génitaux, même dans un film porno).


Même pour manger, Kekkou Kamen conserve son masque.

Difficile de prendre un tel concept au sérieux, n'est-ce pas? Ca tombe bien: Go Nagai ne le fait pas et nous livre une oeuvre autoparodique riche en clins d'oeil à ses autres séries, ou même à des séries d'autres mangakas. Un autre intérêt du manga d'origine est le fait que la véritable identité de Kekkou Kamen est aussi secrète pour les lecteurs que ses adversaires, Go Nagai multipliant les faux indices nous amenant à soupçonner tel ou tel personnage, avant de nous révéler au final que nous faisions fausse route. Cette astuce est d'ailleurs poussée à l'extrême dans les films, puisque les actrices qui jouent le rôle de Kekkou Kamen ne sont jamais créditées au générique. Ceci-dit, mon confrère Jay Wicky me souffle qu'elles sont généralement faciles à identifier, d'autant plus qu'elles se trahissent souvent dans leurs interviews.


L'infirmière à des marques sur le cou. Or, Kekkou Kamen a
été blessée au cou lors d'un combat. Ce serait donc elle?


Et bien non!


Celle-là, quelque chose me dit que ce n'est pas la vraie.

De toutes les adaptations que j'ai pu voir, le troisième opus de la première trilogie est de loin le plus délirant. L'histoire? La routine: Kekkou Kamen affronte les différents sbires de Satan No Machintruc et déjoue toutes les tentatives pour la démasquer, tout en tombant amoureuse d'un professeur de musique qui l'accompagne au piano pendant ses combats (aidé, à l'occasion, par un orchestre entier qui le suit presque partout). Ca a l'air simple, dit comme ça, mais à mesure que l'histoire avance, elle a bien du mérite à conserver un minimum de cohérence tout en sombrant dans le portnawak le plus jouissif, et ce jusqu'à la séquence post-générique. Voici d'ailleurs une liste non-exhaustive de ce que vous trouverez dans le film:


Des charmeuses de serpent-chaussette.


Une bunny dominatrice et épéiste nommée Cutie Bunny.
(Allusion évidente à la cultissime Cutie Honey)


Une ingénue nymphomane, exhibitionniste et transformiste.


Un pseudo-Devilman.


Accompagné, comme il se doit, d'une pseudo-Sirène.


Un pseudo-Baron Ashura (l'ennemi hermaphrodite de Mazinger Z).


Des blues-brothers en sous-vêtements.


Le retour des serpents-chaussettes.


Un cas de conscience de l'héroïne.


La revanche des serpents-chaussettes.


Lamu n'est pas un personnage de Go Nagai,
que vient-elle faire dans cette histoire?


Le retour de la revanche des serpents-chaussettes
(juste avant qu'ils ne soient enfin démasqués).

Et j'en passe... Il ne manque qu'un raton-laveur, et encore, il apparaissait peut-être dans une scène coupée au montage. Bref, dans l'art difficile du nanar volontaire, Kekkou Kamen 3 remporte l'épreuve haut la main, avec un scénario complétement barré où les cheveux dans la soupe s'enchaînent sans crier gare entre deux combats improbables contre des adversaires qui ne le sont pas moins. Il est donc regrettable que l'imbroglio juridique entourant les droits des différents personnages de Go Nagai (l'affaire du "Goldogate" en est un bon exemple) risque fort de nous priver longtemps d'une version française.


La chronique est finie, vous pouvez aller dormir.