Quand la princesse d'un pays en proie à un coup d'état est obligée de fuir à l'étranger, vers qui peut-elle se tourner pour assurer sa protection? Pas vers Tintin, déjà, son expérience avec Abdallah l'ayant considérablement refroidi. Quant aux services secrets britanniques, ce n'est pas très prudent quand on sait ce que James Bond fait avec les femmes qui croisent son chemin entre deux vodka-martinis au shaker, pas à la cuillère. Mieux vaut donc faire appel aux services secrets japonais dont les agents ne se contentent pas d'un permis de tuer et de quelques gadgets mais sont carrément des ninjas à superpouvoirs, comme Shizuka alias BLUE ONE.
Shizuka est donc une kunoichi (femme ninja) membre de Nine Tails, un service secret composé de ninjas issus de neuf écoles maîtrisant chacune un élément (eau, feu, air, terre, foudre, ténèbres, lumière, métal, fleur) et dont les capacités physiques sont augmentées par des combinaisons spéciales. Comme souvent avec ZEN PICTURES, le background de l'héroïne est juste présenté par le narrateur et n'apparaît pratiquement pas dans le film. N'espérez donc pas croiser une armée de ninjas issus de ces neuf écoles. On ne verra que Shizuka, qui contrôle la glace (et non l'eau), ainsi qu'un ninja renégat qui maîtrise le feu. Pour les sept autres écoles: circulez, y a rien à voir!
Nous avons les moyens de vous faire parler.
C'était pour rire: en réalité, je pouvais m'échapper quand je voulais.
Ah, on fait moins le fier!
|
Après avoir mis fin aux activités d'un cartel de drogue, Shizuka se voit confier une nouvelle mission: assurer la protection de Reen, une jeune princesse envoyée au Japon le temps pour les Nations Unies de rétablir l'ordre dans son pays en proie à un coup d'état. La tâche de Shizuka n'est cependant pas facile, tant la princesse Reen est autoritaire et capricieuse.
Dans le pays d'origine de Reen, les princesses s'habillent en robe des champs et chapeau de paille.
Et je vais devoir rester longtemps dans ce minuscule appartement?
Oh, je te parle! (L'énorme bleu sur la jambe de Shizuka donne une idée du nombre de prises)
Shizuka n'a pas trop à se plaindre: ça aurait été beaucoup plus douloureux si elle avait été un homme.
|
Il est clair que l'intention du scénariste était de faire évoluer le personnage de Reen d'insupportable enfant gâtée capricieuse à best friend forever de Shizuka à mesure que les deux femmes se côtoyaient et apprenaient à se connaître. Le problème, c'est que cette évolution se fait brutalement et n'est donc ni logique ni crédible, d'autant plus que Reen et Shizuka ne restent ensemble ... que quelques minutes avant d'être attaquées par la mafia ninja (parfaitement, ils s'appellent comme ça) dirigée par Enga (Croc de feu), un terroriste ancien membre de Nine Tails contrôlant le feu.
- Vu comment ce personnage grimace tout le temps, ce doit être un méchant.
- Perdu: Saizô est le partenaire de Shizuka.
- Ah, Bon? Mais celui-là est borgne, à tous les coups c'est un méchant!
- Perdu: le Directeur est le supérieur de Shizuka.
- Beau gosse, look badass, charisme ... Aucun doute, c'est un gentil!
- Perdu: Enga est le méchant de l'histoire.
|
Et là: PAF! D'un coup, d'un seul, Reen reconnaît en Enga l'homme qui a attaqué son pays et décide qu'elle "déteste que des gens meurent à cause d'elle". Alors que Saizô, l'assistant grimaçant de Shizuka tente de l'emmener en lieu sûr pendant que Shizuka retient Enga, la princesse lui fausse compagnie pour venir aider Shizuka qui redemande aussitôt à Saizô de remmener Reen en lieu sûr pendant qu'elle re-retient Enga. Autrement dit: merci Reen, tu as permis de meubler 5 minutes supplémentaires par ton intervention totalement inutile.
Fight!
D'accord, cette épée coupe très mal, mais elle cuit bien.
Elle ne fera pas long feu face à mes Ice cool swords!
Mais c'est qu'elle insiste, en plus!
Gla, gla, gla, gla, gla!
Sortie de son contexte, cette image nuirait à la réputation d'Enga.
Boule de feu!
Blocage ...
... et retour à l'envoyeur!
|
Reen a cependant une autre occasion de briller un peu plus tard quand Shizuka est capturée par Enga et emprisonnée dans une pièce surchauffée qui neutralise ses pouvoirs. Reen se laisse alors capturer par la mafia ninja afin d'être conduite à Shizuka qu'elle délivre à l'aide d'une grenade réfrigérante. Ça pourrait donner une très bonne scène qui scellerait l'amitié entre Shizuka et Reen grâce à un acte courageux et altruiste de cette princesse que l'on pensait égoïste et capricieuse ... Sauf que le scénariste s'empresse de tout gâcher par un twist en mousse inutile en révélant que ce n'est pas Reen mais Saizô déguisé. Et comme en plus, la grenade réfrigérante ressemble à la Shuriken Ball qui sert de morpher à Shurikenger, un personnage de HURRICANEGER célèbre pour sa capacité à changer d'apparence, on ne peut s'empêcher de suspecter un clin d'œil volontaire.
Quelqu'un devrait penser à régler la clim, ici.
La princesse Reen est désormais entre nos mains.
Heu ... C'est à cause de la puberté, la voix grave ou ...
Ah, ah! C'était une fine supercherie!
|
Pas grand-chose à signaler concernant la suite du film: Shizuka triomphe de la mafia ninja puis d'Enga, le pouvoir est rétabli dans le pays de Reen qui rentre chez elle avant de finalement retourner étudier au Japon et de s'installer définitivement chez Shizuka.
A moi, mes fidèles ninjas!
Shizuka wins. Pantality!
Incapable! Meurs donc!
Dans l'univers de BLUE ONE, dès qu'un objet ou une personne est gelé ...
... il explose! On plaint les possesseurs de congélateurs.
|
Bien que classique, le pitch de BLUE ONE aurait pourtant pu donner un bon résultat en montrant l'évolution progressive des relations entre les deux héroïnes ainsi que celle du personnage de Reen. Malheureusement, ces changements sont brusques et mal justifiés. Et ce n'est pas arrangé par le fait que les rares scènes où Reen se montre héroïque sont soit inutiles, soit effectuées par un imposteur. On se console avec des combats assez corrects entre Miya Kawai (Shizuka) et Takashi Yamoto (Enga).
Coucou, c'est re-moi!
|
|
AYAKA TSUJI
