"Comment ont-ils pu rater ça?" Vous vous êtes certainement déjà posé cette question en voyant un film ou une série catastrophique qui semblait pourtant inratable sur le papier. Prenez par exemple Sister Bomber!, une sorte de Charlie's Angels (Drôles de Dames) made in Japan dont les héroïnes sont trois bonnes sœurs badass que les circonstances amènent souvent à jouer les redresseuses de torts en rossant des malfaiteurs (Et non des sœurs armées de ceintures d'explosifs comme le ferait croire le titre). Vous pensez certainement qu'il est impossible de rater une série avec un concept aussi cool, n'est-ce pas? Et pourtant...
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir prié pour la réussite de la série.
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La série débute alors qu'une bonne sœur nommée Aoi découvre que la jeune fille qu'elle est en train de confesser n'est autre que son amie d'enfance Yûka dont elle a longtemps été séparée... et déjà, alors qu'on n'en est qu'au prégénérique du premier épisode, il y a un problème.
Aoi et Yûka la dernière fois qu'elles se sont vues.
Les mêmes lors de leurs retrouvailles.
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Et elles se reconnaissent instantanément! Pire: avant qu'elles se retrouvent face à face, Yûka avait déjà reconnu la voix d'Aoi. Il est juste impossible que deux personnes qui ne se sont pas vues depuis l'enfance se reconnaissent physiquement et vocalement alors que la puberté et la mue sont passées par là entre temps! Tellement impossible que dans n'importe quelle autre fiction, elles se seraient reconnues grâce à un signe particulier (comme Meari qui reconnaît sa sœur à sa cicatrice dans
Bit Bullet) ou un objet caractéristique (comme le père de Red One qui reconnaît l'amulette de son fils dans
Bioman), plus rarement parce que l'une aurait prononcé une phrase ou une expression qui lui est propre ou parce qu'elles se seraient retrouvées dans une situation qu'elles avaient déjà vécu ensemble autrefois.
C'est lui! Je ne l'ai pas vu depuis la crèche, mais je le reconnais.
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Comme Aoi doit s'occuper de l'église Saint Freesia en l'absence de l'abbé (tel un
Charlie Townsend qui serait rentré dans les ordres, il n'apparaît que sous forme de voix off quand nos héroïnes lisent le courrier qu'il leur adresse), ces retrouvailles lui donnent l'idée de demander à Yûka et à leur autre amie d'enfance Misa de la seconder en revêtant à leur tour l'habit de bonne sœur.
D'accord pour l'habit si ça peut te rendre service; mais le vœu de chasteté, c'est niet!
Les bonnes sœurs, c'est plus ce que c'était.
Tu t'es vue quand t'as bu autre chose que du vin de messe?
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Or, la première personne venue se confesser à Yûka lui révèle avoir été spoliée de ses économies par son petit ami dont la description correspond à celle d'un homme avec qui Yûka est elle-même autrefois sortie et qui travaille dans un
host club dont les employés ont l'habitude de dépouiller les clientes qu'ils séduisent.
Plus terribles que les yakusas: le gang des hosts!
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Yûka décide donc de se remettre avec lui dans le but de récupérer l'argent volé pour le rendre à sa propriétaire légitime mais elle se fait prendre et se retrouve prisonnière de son ex et de ses peu commodes collègues/complices. Heureusement, derrière ses allures d'écervelée exubérante, Yûka est une surdouée qu'on a vu peu avant transformer son téléphone portable en caméra qui permettrait à ses amies de la localiser et de venir à son aide. Oui, mais voilà: comme elle ne les a pas mises au courant de son plan, elles croient qu'elle s'est réellement remise avec son ex et de toute façon, elle est ligotée au sol et n'a aucun moyen d'utiliser son portable. Comment va-t-elle s'en sortir? Mais par fainéantise scénaristique, évidemment!
Car il se trouve que, sans aucune explication, son portable est devant elle et positionné pile-poil de manière à la filmer...
... tandis que Aoi et Misa s'y connectent pile-poil au bon moment.
Et en plus, elles devaient se trouver juste à côté car il ne leur faut que quelques secondes pour rejoindre leur amie!
Toc, toc!
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Ceci dit, malgré les invraisemblances et facilités scénaristiques que j'ai citées, ce premier épisode est plutôt pas mal et introduit correctement la formule de la série: une enquête sur une affaire à laquelle nos héroïnes sont mêlées par hasard, un gadget mis au point par Yûka qui sert plus tard dans l'intrigue, une bagarre entre les trois héroïnes et les malfaiteurs du jour, un épilogue où la personne qui a servi d'élément déclencheur à l'histoire profite d'une confession pour les remercier ou s'excuser et part en leur laissant un don (argent pour soutenir l'église, dessin de remerciement, restitution de documents qu'elle avait volés), et une scène finale où elle lisent une carte postale envoyée par l'abbé.
Bonjour, mes anges. Pourriez-vous vous présenter au lecteur, s'il vous plaît?
Moi, c'est Aoi, la coincée qui se signe avant de rosser les méchants.
Moi, c'est Misa, la bikeuse bagareuse.
Moi, c'est Yûka, la bricoleuse de génie qui a 5 ans d'âge mental.
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Si le trio d'héroïne est fort sympathique, c'est au niveau des compétences complémentaires que ça se complique. Rien à redire pour Yûka qui est la McGyver du groupe et dont les gadgets ont une utilité dans chaque épisode. En revanche, les talents de combattante de Misa sont atténués par le fait que les deux autres savent aussi se battre, même si elles ponctuent leurs combats de cris de terreur (bonjour, le féminisme!) et que leur niveau de compétence varie selon les besoins du scénario. Quant à Aoi, elle n'a absolument aucune aptitude particulière.
Mais si, voyons: je sais lire des histoires aux enfants. C'est utile, ça, comme aptitude!
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Scénaristiquement, les choses commencent à se gâter dès le deuxième épisode où Misa se retrouve à devoir protéger un jeune garçon poursuivi par ce qui semble être des kidnappeurs. Où est le problème, me demandez-vous? Simple: c'est un plagiat de l'épisode 28 de
Kamen Rider Agito! Là où ça prend une saveur particulière, c'est que l'épisode en question était le seul entièrement centré sur Gills, interprété par Yûsuke Tomoi qui, de 2006 à 2008, a été... marié à Mika Katsumura qui joue le rôle de Yûka!
Et là, arrive le troisième et dernier épisode... et c'est le drame! Déjà, l'intrigue est particulièrement cucul et inintéressante: Aoi retrouve et tombe amoureuse de son ami d'enfance Tooru (Tout le premier tiers de l'épisode est consacré à leur romance à grands renforts de filtres roses bonbons, de feux d'artifice en surimposition et de plans sur les pieds d'Aoi qui décolle littéralement du sol... Pitié!) mais ce dernier veut en réalité lui voler des documents qui permettraient à des individus mal intentionnés de s'emparer de l'église Saint Freesia, puis il aura finalement des remords et lui rendra les documents, fin.
Une romance tellement guimauve que son visionnage est contre-indiqué aux diabétiques.
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Mais bien plus grave est le traitement réservé aux trois héroïnes qui y font preuve d'une incompétence quasi-surnaturelle: Yûka et Aoi oublient qu'elles savent se battre et sont terrorisées quand des brutes vandalisent leur église, le gadget mis au point par Yûka se vautre lamentablement et elles passent l'épisode à échouer dans tout ce qu'elles entreprennent au point qu'à la fin, la situation n'est pas résolue par elles mais par Tooru qui a finalement changé d'avis.
C'est nous qu'on est les nouveaux proprios. Alors, dégagez!
Vade retro, Satanas!
- Oh, mon Dieu! Tirez pas, on se rend!
- Mais il est même pas armé.
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Et le pire, c'est le combat final dont la conclusion est aussi incompréhensible que choquante pour ceux qui auront suivi la série. Au début, tout va bien, Misa et Yûka se débrouillent très bien contre leurs adversaires...
... mais soudain, Aoi se retrouve en difficulté.
Puis on a... un fondu au noir suivi d'un plan sur le plafond?
Suivi de... les trois héroïnes qui reprennent connaissance tandis que leurs adversaires ont disparu et qu'on ne les reverra plus ensuite!?
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Pour paraphraser l'Ermite Moderne:
qu'est-ce qu'il s'est passé pendant que j'ai cligné de l'œil? En tout cas, tout indique qu'elles ont perdu le combat et que leurs adversaires leur ont fait Dieu-sait-quoi durant l'ellipse. Donc, je résume: le dernier épisode de la série transforme ces héroïnes badass et efficaces en chochottes, en incompétentes et en victimes! Si ce n'est pas un gigantesque doigt d'honneur à l'adresse de tous ceux qui auront suivi la série et aimé ces personnages, je ne sais pas ce que c'est!
Messieurs les scénaristes, ceci est notre lettre de démission.
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Certes, il n'est pas rare qu'une série japonaise se termine par un dernier épisode qui prend le contre-pied de la formule des précédents (le ton léger et bon enfant d'
Otasuke Girl qui devient sérieux dans le dernier épisode,
Ultraman qui perd son dernier combat contre un monstre finalement vaincu par ses alliés terriens...) et il est probable que c'est ce que les auteurs ont tenté de faire ici (la scène finale où les héroïnes écrivent à l'abbé au lieu de lire une de ses lettres comme dans les deux précédents va dans ce sens); mais non seulement c'est mal fait car ça massacre complètement les héroïnes, mais en plus ça ne pouvait de toute façon pas fonctionner car en seulement trois épisodes, le spectateur n'a pas le temps de s'habituer à une éventuelle formule.
La série nous offre régulièrement des passages WTF, comme quand Aoi se prend un avion en papier dans la figure... dont on ne parlera plus ensuite et dont on ne saura jamais qui l'a lancé.
Ou l'épisode 2 qui s'interrompt régulièrement pour montrer des billes roulant sur un sol blanc.
Ou encore Tooru qui se baigne avec le fantôme de son père dans l'épisode 3.
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