Année : 1983
Pays : USA
Catégorie(s) : Policier, Fantastique
Genre : Police animalière.
Acheter la série : Amazon.



LA SÉRIE


Durant les années 80, on vit apparaître une mode qui consistait à créer des séries en incorporant un élément fantastique ou une technologie futuriste à des intrigues policières interchangeables (tellement interchangeables que certaines furent utilisées dans plusieurs séries, d'ailleurs). Malheureusement, le succès fut très rarement au rendez-vous et pour un Knight Rider (K2000) qui parvint à s'inscrire dans la durée et les mémoires, la plupart des séries de ce type furent annulées avant même la fin de leur première saison. C'est le cas de Manimal, lancé par la NBC en 1983 (qui restera connue comme une année noire pour la chaîne puisque aucune des huit nouvelles séries produites cette année-là n'alla au bout de sa première saison) et abandonné après seulement un pilote et 7 épisodes. (Pour sa défense, le programmer en face d'un poids lourd comme Dallas était franchement suicidaire.)


Manimal n'eut même pas la possibilité de fêter son premier anniversaire.

Néanmoins, comme beaucoup d'autres séries reposant sur la formule précitée (Automan, Misfits of science (Superminds), Street Hawk (Tonnerre Mécanique)...), Manimal devint par la suite culte (permettant à son héros de réapparaître 15 ans plus tard dans un épisode de la série Nightman) tout en conservant une réputation de feuilleton kitsch voire nanar, étant même considéré par de nombreux critiques comme une des pires séries de tous les temps. Mais mérite-t-il vraiment cette réputation?


Visionnons les épisodes pour le savoir.

Le titre "Manimal" ne signifie pas que le héros est particulièrement maladroit (Ben oui: il manie mal! (Mouais, c'était plus drôle quand j'avais 10 ans...)) mais est une contraction de "Man animal" et fait référence à la capacité du personnage principal, Jonathan Chase, dit J.C., à se changer à volonté en l'animal de son choix avec une nette préférence pour le faucon (pour la filature et l'espionnage) et la panthère noire (pour les scènes d'action).


J'ai cru voir un gros minet.


Couché!


Rassurez-moi, malgré leur lointaine parenté, les tigres ne savent pas grimper aux arbres comme les chats?

Ces deux métamorphoses sont d'ailleurs les seules à avoir droit à des séquences de transformation signées par le légendaire Stan Winston et qui impressionnent toujours autant quand on les regarde aujourd'hui. On a aussi droit à une transformation en serpent dans l'épisode 5, mais elle est cette fois réalisée par Michael John McCracken et Michael Shawn McCracken et souffre énormément de la comparaison avec les deux autres. Malheureusement, si ces scènes font beaucoup d'effort pour rendre les transformations du héros crédibles (même si les zoologues avertis objecteront que sa main ne devrait pas devenir une serre mais une aile), c'est complètement gâché par le fait que ses vêtements disparaissent complètement après transformation pour réapparaître comme par magie dès qu'il reprend forme humaine de son propre chef ou après avoir perdu connaissance. Le pire, c'est qu'on les voit clairement se déchirer durant certaines transformations!


L'incroyable Hulk aimerait bien connaître son truc.

N'empêche qu'entre ces scènes de transformation, l'utilisation d'animaux dressés et la logistique nécessaire pour tourner des scènes impliquant des animaux dangereux, la série a clairement bénéficié de moyens conséquents. Ce qui est ironique quand on sait qu'un des producteurs s'appelle Paul Radin!


Dans le doute, vérifions qu'il nous a bien financés avec de vrais billets.

Un autre qui n'a clairement pas de problèmes d'argent, à en juger par son domicile, sa voiture et sa garde robe, c'est J.C. mais comme pour ses pouvoirs, on ne saura jamais l'origine de sa fortune et je doute que son métier de professeur d'université doublé d'un consultant spécialisé dans l'utilisation des animaux en criminologie (sic) paie si bien que ça.


Animal tuer: pas punition. Homme tuer: prison, pas beau, couper tête. (10 points si vous avez capté la référence)

La série est en effet très floue sur le passé de son héros (il est vrai qu'elle n'est pas aidée par sa faible durée qui ne lui a pas vraiment laissé le temps de développer un éventuel background). C'est tout juste si le pilote et l'introduction de chaque épisode nous apprennent qu'il a voyagé en Afrique et au Tibet, que ses pouvoirs viendraient des rcherches de son père et qu'il les auraient utilisés pour la première fois en 1972 alors qu'il était prisonnier des Vietcongs au Cambodge (dans les années 80, on avait plus vite fait de lister les héros de séries US qui n'avaient jamais mis les pieds au Viêt-Nam et ses environs). Une petite transformation en panthère lui avait permis de s'évader en compagnie de son chauffeur militaire Tyrone C. Earl, dit Ty, qui devient par la suite son meilleur ami mais qui est surtout là pour servir de sidekick noir rigolo. Encore qu'il était un personnage relativement sérieux dans le pilote où il était d'ailleurs incarné par un acteur différent.


Il doit venir de Gallifrey.


Le chevalier noir (non, je n'ai pas honte).


Cette série le rendra chèvre.

Si au départ, J.C. utilise ses talents particuliers pour combattre le crime en solo ou avec l'aide occasionnelle de Ty, le pilote de la série lui fait croiser la route de la policière Brooke McKenzie qui découvre rapidement son secret et devient sa partenaire attitrée. Malheureusement, malgré son statut de femme flic censée être une tigresse badass, son rôle se résume trop souvent à jouer les demoiselles en détresse quand elle n'est pas victime des mauvaises blagues de J.C. et Ty.


La preuve: dès qu'il y a des sables mouvants, c'est pour elle!


Et ne parlons pas des nombreux gags où elle prend un vrai animal pour J.C. transformé.


Brooke McKenzie tentant de faire la lumière sur une affaire (Allégorie).


Brooke montant sur ses grands chevaux (Autre allégorie).

Elle joue aussi le rôle du love interest du héros, mais ça se remarque surtout à ses (très légères) crises de jalousie à chaque fois qu'une rivale potentielle fait les yeux doux à J.C. et inversement. Car J.C. est un incorrigible séducteur ... selon les critères des années 80! Comprenez par là que de nos jours, son comportement lui vaudrait un #balancetonporc bien mérité. La VF en rajoute même une couche en le faisant, par exemple, qualifier une éleveuse de chevaux de "pouliche".


#Balancetonchat.


Arrête, ou Brooke va encore me passer un savon!

On ne peut donc pas dire que les neurones des scénaristes aient particulièrement chauffé lors de la création des personnages principaux qui sont finalement très stéréotypés: un héros riche et beau gosse avec toutes les qualités possibles, un love interest et un sidekick noir rigolo. Et on complétera la collection de personnages clichés avec un supérieur râleur et bouché en la personne du lieutenant Rivera.


Tu sais ce qu'il te dit, le supérieur râleur et bouché?

Et il ne faut pas non plus chercher de l'originalité du côté des scénarios qui sont basiques et interchangeables avec n'importe quelle série policière, même s'il convient de reconnaître que, à part pour le pilote, les auteurs ont quand même fait un effort pour que l'intrigue ait à chaque fois un rapport avec le règne animal. Ainsi, dans l'épisode 1, J.C. tente de prouver l'innocence d'une tigresse accusée d'avoir tué un illusionniste lors d'un spectacle. Là où la série devient étrangement prophétique, c'est que l'illusionniste en question fait partie d'un duo de magiciens clairement inspiré des célèbres Siegfried et Roy ... et que le vrai Roy fut attaqué et presque tué sur scène par un de ses tigres 20 ans plus tard!


C'est une erreur judiciaire, je suis innocente!


La femme ou le tigre?


La figurante du fond à gauche n'est pas impressionnée par leur tour.

Dans le 2, une enquête sur la mort suspecte d'un homme tué par une araignée place J.C. au beau milieu d'une bataille entre CIA et KGB dont l'enjeu est une liste d'agents doubles. Au passage, l'épisode s'intitule bizarrement "Night of the scorpion". Soit, le responsable du titre est nul en zoologie, soit le scénario original prévoyait un scorpion qui fut remplacé au dernier moment par une araignée et les auteurs ont oublié de modifier le titre.


C'est encore un coup de l'araignée. (Vraie réplique de la VF)


Nous avons les moyens de vous faire parler, camarade.

Dans le 3, J.C. prend sous son aile une enfant sauvage élevée par des loups et traquée par un tueur.


Laura Cushing, très convaincante et touchante en enfant sauvage dans ce qui sera pourtant le seul rôle de sa carrière.


La ville, c'est la jungle!


Pas à dire, les émotions, ça creuse.


Et maintenant, dodo.

Dans le 4, il est question de cheval enlevé et de courses hippiques truquées.


#Balancetoncheval.


Brooke lui rendant la monnaie de sa pièce, l'égalité des sexes est respectée.

Dans le 5, J.C. trouve une défense de morse sur laquelle est gravée une carte au trésor convoitée par un chasseur de trésor et son bras droit au boomerang meurtrier.


Il faudra vérifier l'alibi de George Harkness.


Ça ne lui a pas porté chance de mettre la main sur cette défense.


C'est une carte au trésor ou un rébus?


C'est la dernière fois que je voyage en classe économique!


Mon précieux!

Le 6 oppose J.C. à Kwan, un racketteur incendiaire de Chinatown surnommé "le Dragon" (Ben quoi? Je n'ai jamais dit qu'il s'agissait forcément d'animaux réels!). Le scénario ne s'embarrasse d'ailleurs pas de vraisemblance concernant sa résolution puisque pour affronter ce redoutable maître en arts martiaux, notre héros part du principe qu'ils sont inspirés de mouvements d'animaux et suit une formation accélérée ... en visionnant des documentaires animaliers pendant toute une journée!


Dire qu'il y en a qui s'entraînent des années à la maîtrise des arts martiaux ...


... alors qu'il suffit de passer une journée devant des documentaires animaliers ...


... pour devenir un expert.

Enfin, dans le 7, J.C. et ses amis passent leurs vacances dans une petite ville menacée par des promoteurs peu scrupuleux mais qui, selon la légende, serait protégée par un ours gigantesque (lequel a d'ailleurs été dévalué dans la VF où il est passé de Golden Bear (Ours Doré) à Ours de Bronze).


O.K., J.C., la prochaine fois, c'est MOI qui choisit où on passe nos vacances!


Même loin d'Elm Street, Robert Englund reste votre pire cauchemar.


Bonne nuit, les petits.




BILAN


Concept = 3,5 / 5
Une série télévisée dont le personnage principal pouvait se transformer à volonté en n'importe quel animal était une idée originale en 1983 et si les spectateurs de l'époque avaient pu la juger ridicule, elle ne l'est plus du tout maintenant que les séries et films de super-héros se sont multipliés. Les auteurs font même des efforts pour représenter ce pouvoir de façon plausible mais leurs efforts sont malheureusement annihilés par les vêtements qui disparaissent et réapparaissent sans autre explication que "Ta gueule, c'est magique!"



Scénario = 3,3 / 5
Les épisodes sont indépendants et racontent chacun une histoire policière relativement convenue mais qui se laisse suivre. On appréciera l'effort des scénariste pour que chacune ait un rapport avec un animal. (Voir la section épisodes pour plus de détails.)



Personnages principaux = 2 / 5
Sympathiques mais terriblement stéréotypés: le héros beau gosse bourré de qualités, le love interest, le sidekick noir rigolo et le supérieur râleur.



Antagonistes = 2,5 / 5
Tous affreusement banaux. Kwan et Gibbs sont les seuls à relever le niveau. (Voir la section antagonistes pour plus de détails)



Personnages secondaires = 3,5 / 5
Souvent plus intéressants que les principaux. Certains sont même tellement attachants (Sarah Evers, la famille Tan) ou hauts en couleurs (Clancy, Corky, le couple Bethune) qu'on regrette qu'ils ne deviennent pas réguliers. Les seuls à apparaître dans plusieurs épisodes sont deux personnages fonctions qu'on voit à peine: le policier Murdock et Harold Trout, l'ami bookmaker de Ty.



Casting = 5 / 5
Le regretté Simon McCorkindale est tout simplement parfait dans le rôle de Jonathan Chase!



Effets spéciaux = 4 / 5
Réalisées par le légendaire Stan Winston, les transformations en panthère et en faucon sont magnifiques et restent impressionnantes 35 ans après. Celle en serpent, sans être mauvaise, est nettement moins réussie.



Générique = 4 / 5
Très 80s et sublimé par le mythique thème de Paul Chihara.




NOTE FINALE = 13,9 / 20